Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2013-07-07T13:13:26+02:00

Mon histoire #2

Publié par Moi

Je vous parlais donc d'une «Lettre ouverte à ma fille», qui fut publiée le 17 novembre 2004, veille de son 22ème anniversaire.

 

Mon histoire #2

 

LA LETTRE DU JOUR
JE RECHERCHE MA FILLE

Lettre ouverte à ma fille. Vers environ la moitié de l’an 1987, je recevais une lettre du Tribunal des Mineurs de Gênes: j’étais invitée à me rendre fin décembre devant la Cour pour défendre mon droit de maternité… Au cas où je ne me serais pas présentée, ton statut d’enfant «adoptable» aurait alors été déclaré.
Je venais à peine de te confier à une famille d’accueil que je connaissais, tout près de l’endroit où, depuis le 18 novembre 1982, je t’avais élevée durant tes 6-7 premiers mois de vie et où, à l’époque, nous avions encore un tout petit bout de toit à nous, dans un trou perdu de l’arrière pays de la ville d’Albenga.
Le malheur était que je me trouvais alors tellement loin de la Riviera et que, pour pouvoir rejoindre Gênes en provenance de Naples, il fallait avoir deux sous de côté ainsi que la possibilité de m’absenter au moins 4 jours du travail: hélas, je ne disposais d’aucune de ces deux ressources. Le travail était denrée rare, et dormir à l’hôtel, ça coûtait cher, même si c’était loin d’être un cinq étoiles…
Famille je n’en avais plus, ni personne d’autre à qui demander de l’aide. Après quatre années de luttes incessantes passées à errer par monts et par vaux changeant de ville ou de pays presque chaque mois et sautant d’un train à l’autre (avec une dizaine de valises et souvent toi en plus sous le bras), moi, des forces, je n’en avais plus; ni physiques, ni mentales… et Dieu sait pourtant si ces dernières, chez moi, sont dures à mourir...
Un travail, un toit, une épaule sur laquelle nous appuyer, un maigre espoir d’un futur quelconque: nous n'avions rien de tout cela...
J’ai fait la seule chose qui me restait à faire pour notre salut: tenter de sauvegarder au moins le tien d’avenir. Toi qui maintenant as encore la vie devant toi, tâche de ne pas la gâcher comme moi je l’ai gâchée… car c’est pour ton bonheur que je me suis séparée de toi.
Moi je ne te cherche pas, parce que, plus ou moins, je sais où tu es et que je sais que tu es bien… du moins en apparence... Mais intérieurement: «Comment vas-tu»?
Je ne te cherche pas parce que je ne veux pas te perturber plus, ni toi, ni la famille qui depuis 17 ans t’élève avec amour. Je ne te cherche pas… parce que je ne saurais probablement pas quoi te dire, ni comment t’expliquer. Je ne te cherche pas… parce que sûrement tu ne comprendrais pas, et parce que je crains ta colère, ta rancœur, ton incompréhension.
Mais il est important que tu saches que, si je ne te cherche pas, en revanche, je suis là à t’attendre. Tôt ou tard, le cancer aura raison de moi et il est important que tu saches qui tu es et d’où tu viens. Un être humain ne peut pas vivre sereinement sans connaître ses racines. Une femme qui met au monde un enfant ne peut pas vivre ou mourir sans jamais se faire connaître : c’est inhumain!
Ciao Eleonora: certainement en ce jour très spécial de ton anniversaire tu es aussi très triste, et qui sait combien de terribles pensées assaillent ton esprit. Tu veux savoir si aujourd’hui je pense à toi? Voilà ma réponse. Tu veux me connaître? Tu n’as qu’à allumer un PC et te connecter à Internet: tu me trouveras facilement.
De Bruxelles, ta maman biologique.
 

 

Ce à quoi, Luisa Forti, la journaliste chargée de la rubrique, me répond:

QUELLES «MÈRES» SE CACHENT DERRIÈRE UN ABANDON OU UNE NAISSANCE ANONYME?

L’ABANDON, UN GESTE D’AMOUR: mythe ou réalité?

QUELLE PLACE ACCORDER AUX «LIENS DU SANG»?

PEUT-ON RESTER INDIFFÉRENT ou NE PAS S'ATTACHER À SON PROPRE ENFANT?

REVOIR SON ENFANT,
 «UN BESOIN VISCÉRAL»???

PEUT-ON OUBLIER SON ENFANT?

QUELLE PLACE ACCORDER A LA MÈRE DE NAISSANCE?

 

« Chère amie, je publie votre lettre avec grande appréhension: après avoir enlevé toutes les références qui pourraient permettre à votre fille de se reconnaître. Votre histoire est malheureuse et douloureuse. Mais avez-vous pensé à comment votre fille pourrait réagir face à sa maman "biologique"?

Chère Madame, les enfants sont de ceux qui les élèvent et non pas de ceux qui les génèrent. Les plus modernes écoles de pensée font référence aux drames que pourrait subir une créature adoptée et déjà insérée dans le monde qui devrait rencontrer la mère biologique, jamais connue.

Madame, soyez généreuse, et repensez-y. Veuillez vraiment du bien à votre fille et laissez-la vivre où elle est. Le risque est grave: celui de lui déchirer le cœur.»

Luisa Forti (Il Secolo XIX)


Chère Luisa Forti,


Vous ne lirez sans doute jamais cette page. Dommage que vous ne puissiez donc pas lire ces quelques lignes écrites par ma fille lorsque, en septembre 2008, la magie du Web fit que nous nous retrouvâmes... Même si ce qui ébranla ma fille ne fut pas votre lettre, mais bien l'article que votre confrère, Marco Menduni, publia sur une demi page du journal 10 jours plus tard...!

 

Ciao M.,
"Je ne sais pas quoi penser... Combien de fois n'aurai-je pas voulu me bouger pour rechercher ma maman... mais je n'aurais jamais su par où commencer...
Comment affronter tout cela??? Je ne sais pas si je dois être heureuse... Les larmes coulent à flots... Ça paraît tellement impossible... Des articles sur «Il Secolo XIX» que je n'ai jamais lus... et que personne de mes proches n'a jamais lu...
En ce moment, je ne sais plus quoi dire... C'est sûr que je veux pouvoir connaître la personne qui m'a mise au monde... Nous faisons tous des erreurs dans la vie, plus ou moins graves... Mais, dans la vie, nous méritons tous le pardon..."

E.

 

À suivre...

Chers visiteurs,

Pour une consultation facile et rapide, je vous invite à naviguer par la page PLAN DU SITE.

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog