Qui suis-je?

Une «mère» tout à fait indigne de ce nom qui, il y a 30 ans de cela, a mis au monde une petite fille... alors qu'elle n'aurait jamais dû le faire.

Dans la situation où je me trouvais, pratiquement sans famille, sans travail et sans diplôme en poche, logeant isolée en campagne et sans plus de voiture, sans argent et endettée jusqu'au cou à cause d'un petit 30 m2 dont j'étais bien propriétaire mais qui n'était payé qu'à moitié, c'était de la folie pure.

Pas maternelle pour un sou et n'ayant jamais désiré ni me marier ni avoir des enfants, je décidai toutefois de ne pas avorter, non pas par conviction morale ou religieuse, mais simplement par lâcheté, par peur de l'intervention, peur de me retrouver toute seule dans un hôpital pour accomplir ce terrible geste. Une étincelle d'instinct maternel s'était bizarrement éveillée en moi et j'en étais même arrivée au point de désirer fortement cet enfant.

Mon «rêve» s'exauça: je voulais une petite fille, j'eus une petite fille... Ainsi, après avoir traversé mes mois de grossesse dans l'isolement total et dans une misère noire, je me retroussai les manches pour affronter du mieux possible les années de galère qui s'annonçaient devant moi… Mais la réalité dépassa l’imagination.

«Tomber enceinte, c'est l'affaire de quelques secondes.
Décider d'avorter ou non, c'est l'affaire de quelques semaines.
Se préparer à devenir mère, c'est l'affaire de quelques mois.
Accoucher d'un enfant, c'est l'affaire de quelques heures.
L'élever, c'est l'affaire de toute une vie...» (Auteur: moi)

Que vous dire de plus?

En bref: fille de bonne famille mais, dans sa jeunesse, assoiffée de liberté, de plaisir, d'indépendance et d'évasion, rebelle, éternellement insatisfaite et contestataire ayant, par conséquent, rapidement très mal tourné. Seul héritage familial positif: une bonne présentation et une excellente éducation, ce qui ouvre bien des portes, même sans diplôme.

Célibataire endurcie qui a roulé sa bosse à travers le monde jusqu'à 50 ans, seule au monde depuis mes 33 ans et donc habituée à me relever et à ne compter que sur moi-même. De retour à Bruxelles (ma ville natale) depuis 1997 après 17 années passées en Italie (le seul rêve que j'aie jamais pu réaliser dans ma vie), maintenant recyclée dans un bête emploi de bureau où je m'ennuie à du 100 à l'heure.

Un parcours de vie chaotique et très instable, fait de nombreuses aventures sentimentales de courte durée, de petits boulots par-ci par-là, alternant constamment entre vie de luxe et vie de misère et, pour finir, un avenir qui ne sera pas rose du tout vu la petite pension sociale qui m'attend d'ici quelques mois pour vivre jusqu'au restant de mes jours.

Et aussi... Miraculeusement rescapée d'un redoutable cancer de la peau contre lequel je lutte depuis 16 ans (je vous passe le nombre d'opérations et les traitements déjà subis jusqu'à présent); le bon Dieu ne doit pas avoir très envie de m'avoir entre les pattes là-haut puisqu'il a décidé de me laisser encore un peu de répit. Donc, actuellement en rémission presque complète.

Mais bon, j'ai des ressources «intérieures» (un potentiel hors du commun, comme disent mes médecins), j'ai des passions (contrairement aux humains, «les joies de l'esprit» ne vous déçoivent jamais) et, d'une manière ou d'une autre (avec une bonne dose de chance aussi, j'en suis consciente, la seule force de volonté ne suffit pas), je m'en sors toujours. Tant que la santé tient le coup, le moral résiste.

Voilà, vous savez l'essentiel.

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